C'est
une «sentinelle de la mer» unique au monde, dérivant au gré des
courants océaniques, qui verra le jour en 2014: le vaisseau
océanographique futuriste SeaOrbiter entre en phase de construction au
printemps aux chantiers navals de Saint-Nazaire et Cherbourg.
Créé par l'architecte subaquatique Jacques Rougerie, ce gigantesque
hippocampe d'aluminium semi-submersible - qui n'existe pour le moment
que sous forme informatique virtuelle -, sera doté de la plus haute
technologie scientifique pour passer au crible, en permanence et dans
toutes ses composantes, la biosphère marine océanique.
«SeaOrbiter sera le sas entre notre monde terrestre et le monde
marin», explique à l'AFP Jacques Rougerie, pour qui «c'est de l'océan
que naîtra le destin des civilisations à venir».
Vaisseau «merrien»
Le projet a un coût, évalué à 35 millions d'euros. Crise oblige, les
investisseurs et partenaires financiers se sont faits attendre. Mais
l'architecte a fini par décrocher des partenariats de taille, notamment
avec l'horloger Rolex, le groupe industriel ABB qui exerce dans les
technologies de l'énergie et de l'automation ou encore Technip, le
leader de la construction sous-marine.
La faisabilité du projet a été approuvée par la DCNS (Direction des
Constructions Navales), qui en assure la maîtrise d'oeuvre et le suivi.
Comex, Ifremer et d'autres organismes internationaux y sont associés. La
durée de construction du SeaOrbiter est évaluée à 18 mois, soit quelque
100.000 heures de travail pour les deux chantiers concernés.
«Les marins ne voient que la surface des océans. Ils sont aveugles à
ce monde immense en dessous d'eux. 85% de la biodiversité marine restent
à découvrir», souligne Rougerie. «SeaOrbiter sera le vaisseau symbole
de cette nouvelle génération d'hommes qui ne sont ni terriens, ni
marins. Je les appelle +Merriens+. Nemo est le premier +Merrien+. Je
suis un +Merrien+».
L'oeil de la sentinelle
Son SeaOrbiter est une création bionique, une passerelle entre une forme vivante et une forme construite, en harmonie avec son environnement. Haut de 58 m pour 550 tonnes, il pourra accueillir sur 12 niveaux de 18 à 22 hommes d'équipage et scientifiques.
Il comporte une partie immergée de 31 m avec quille rabattable et fonctionnera exclusivement aux énergies renouvelables (éoliennes et panneaux solaires), alimentant deux propulseurs électriques pour une vitesse moyenne de 5 à 6 noeuds.
Tout à la fois plate-forme scientifique pluridisciplinaire dotée
d'équipements d'observation et d'écoute océanographiques, centre de
communication, laboratoire, maison et base sous-marine d'exploration, le
grand hippocampe d'aluminium permettra 24h sur 24 une vision constante
du monde sous-marin.
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