Photo Marc Ottini
L’Égypte veut creuser une deuxième voie d’eau: Le
nouveau canal doit permettre de réduire le temps d’attente des navires,
qui est de onze heures aujourd’hui, à seulement trois heures à
l’avenir.
L’Égypte a dévoilé, le mardi 5 août, son projet de creuser un
deuxième canal de 72 km le long du canal de Suez. Ce nouveau passage
permettrait de développer le trafic sur un axe majeur des échanges entre
l’Europe et l’Asie. Le coût de l’ouvrage avoisine 4 milliards de
dollars et les travaux pourraient être achevés d’ici cinq ans.
Ouvert à la navigation en 1869, le canal de Suez mesure 161 km entre
Port-Saïd, sur la Méditerranée, et Suez, sur la mer Rouge. Le projet de
nouveau canal comprend 35 km de creusement proprement dit et 37 km
d’élargissement et d’approfondissement du canal actuel. Il doit
permettre d’accroître les zones où les navires peuvent se croiser.
Actuellement, le transit des navires est organisé en convois
alternés, au rythme d'un convoi par jour en route vers le nord et deux
convois en route vers le sud, les navires se croisant principalement au
niveau du Grand Lac Amer. Le nouveau canal doit permettre de réduire le
temps d’attente des navires, qui est de onze heures aujourd’hui, à
seulement trois heures à l’avenir.
En s’engageant dans sa réalisation, le régime issu du coup d’État
militaire de juillet 2013 marque son souci de redresser une économie
minée par l’instabilité politique. Les touristes ont fui le pays et les
investissements étrangers sont en chute libre. Le nouveau canal est le
principal volet d’un vaste projet d’expansion du port et des
installations commerciales de Suez. Ce grand chantier pourrait redorer
le blason de l’Égypte auprès des entreprises étrangères et faire du pays
un pôle commercial de premier plan.
Le budget de l’État égyptien y trouverait aussi son compte. Le canal
lui rapporte actuellement 5 milliards de dollars par an et constitue une
source vitale de devises. L’accroissement du trafic pourrait faire
passer ces recettes à 13 milliards de dollars selon certains experts.
Le président égyptien Abdel Fattah al Sissi, ancien chef d’état-major
de l’armée, a précisé que cette dernière aura la responsabilité de la
réalisation du projet au sein d’un consortium, officiellement pour des
raisons de sécurité. En principe, les sociétés chargées des études
doivent être choisies après un appel d’offres. D’après la presse
égyptienne, les filiales égyptiennes et saoudiennes de l’important
groupe d’ingénierie libanais Dar al-Handasah auraient, en fait, déjà été
retenues pour faire ce travail.
Dans un discours à la nation, le président al Sissi a affirmé que le
projet ne recevra aucun financement étranger et que les fonds
proviendront uniquement des banques nationales et des contributions
individuelles des Égyptiens eux-mêmes. Il a demandé une participation de
100 livres égyptiennes (environ 10 euros) pour ceux qui vivent en
Égypte et de 100 dollars (74 euros) pour ceux qui résident à l’étranger.
Le canal de Suez enregistre un trafic record cette année, en partie
en raison des retards pris par les travaux d’élargissement du canal de
Panama. En mai 2014, 704 navires ont emprunté le canal, soit une
augmentation de 6,9% par rapport au mois précédent. Parmi eux, 256
étaient des porte-conteneurs. L’Autorité du canal de Suez souligne que
la taille moyenne de ces porte-conteneurs est de 7 750 EVP, alors que la
taille maximum des porte-conteneurs pouvant transiter par Panama est
actuellement d’environ 5 500 EVP.
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